Alicia était contente ce jour là. Satisfaite d’elle, sa patronne lui avait accordée une journée entière de congé. Ces dernières semaines, la jeune fée avait enchainé les livraisons dans divers quartiers et accomplit de nombreuses heures supplémentaires en remplaçant ses collègues, le tout sans broncher une seule fois. De ce fait, elle avait réussi à mettre assez d’argent de côté pour se faire plaisir. C’est donc le cœur en fête qu’elle quitta son appartement pour se diriger vers une rue piétonne commerçante, recommandée par une de ses rares amies de travail qui lui avait certifié qu’elle pourrait trouver son bonheur pour pas cher. Elle lui avait conseillé de ne pas s’arrêter à la première boutique et de toutes les faire pour avoir du choix et pour comparer les prix.

Armée de son plan de la ville, la blonde ne se trompa qu’une fois de rue et atteint son but en un temps record. Sa copine n’avait pas menti. La rue était grande et une foulée de boutiques de fringues s’offraient à ses yeux, toutes différentes les une des autres. Elle allait pouvoir enfin renflouer sa maigre garde robe. Elle se décida de faire d’abord un peu de lèche vitrine en commençant par la rangée de gauche. Au bout de quelques vitrines, elle avait déjà repéré une petite jupe en jean brodé avec des fleurs blanches, une paire de ballerine et un jean bleu foncé. Dans la suivante, elle repéra un T-shirt rose pâle avec des silhouettes de fées dorées imprimées dessus. Elle ne put s’empêcher de sourire. S’ils les humains savaient qu’elles existaient vraiment!

Une autre pensée lui vint a l’esprit, déjà moins joyeuse. Elle n’avait toujours pas trouvé de trace de la jeune fille de son enfance depuis qu’elle était arrivée, malgré les différents quartiers où elle avait distribué les journaux. Elle savait que ça lui prendrait du temps. Cependant elle ne renoncerait pas à son but et s’armerait de toute la patience nécessaire, quitte à scruter tout les passants de la ville un par un.
Elle fut tirée de ses songes par deux jeunes hommes qui l’abordèrent.

« Salut la belle! Tu sais que t’es pas mal? Ça te dirait de venir prendre un verre avec nous? J’connais un club sympa où on peut s’éclater toute la nuit » Lui dit le plus grand des deux.

La jeune femme les regarda avec des grands yeux interrogateurs. Qu’est-ce qu’ils lui veulent et c’est quoi un club? Elle s’apprêtait à leur poser la question quand elle se rendit compte qu’ils avaient parlé de la nuit. Or ce soir, c’était la nouvelle lune, c’est-à-dire la nuit où elle reprenait sa véritable apparence. Il était donc hors de question d’être dehors.

« Non merci, une autre fois » répondit elle froidement, en tournant les talons afin de continuer sa route.

« Pourquoi pas ce soir? Hey attends! Reviens! » s’écria le deuxième en la suivant.

« Mais laissez moi tranquille! »

Cria Alicia qui se mit à courir, slalomant entre les passants avant de s’engouffrer dans la première boutique dont la porte était ouverte. Elle se cacha sous un rayon de vêtement et attendit en espérant avoir semer ces deux pots de colle. Elle remarquât alors qu’elle se trouvait dans un magasin d’habits pour bébés humains.

Toujours cachée sous le rayon, Alicia qui se sentait rougir, regarda la femme qui venait d’écarter les vêtements pour s’adresser à elle avec un sourire amusée. Toujours rouge de honte, la blonde sortit de sa cachette en prenant soin de ne pas bousculer l’humaine et répondit en baissant le regard.

« Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger. Je me suis fait aborder par deux hommes qui ne voulais pas me lâcher et. . . »

Elle s’arrêta car elle venait de s’apercevoir de la rondeur du ventre de la femme et se mit à la regarder avec émerveillement. C’était la première fois qu’elle voyait d’aussi près une humaine qui attendait un bébé. Dans son monde, elle avait bien sur étudié le phénomène de la reproduction des humains mais ça restait pour elle quelque chose de mystérieux et en même temps de magique. Elle ne put s’empêcher de se demander mentalement si ça pouvait lui arriver sous sa forme humaine, si bien sur elle trouvait le partenaire adéquat. D’ailleurs, Est-ce qu’une fée et un humain peuvent être ensemble? Ou fallait elle qu’elle trouve un partenaire fée dans la même condition qu’elle?

Sans se rendre compte, la fée avait levée la tête et regardait à présent la femme à qui elle s’adressait. Elle n'était pas très grande, avec de longs cheveux bruns et des traits fins. Son visage lui disait quelque chose, comme si elle l’avait déjà croisée auparavant. Peut être lui avait elle déjà livré des journaux ou bien elle l’avait aperçut durant une tournée. Puis son regard dériva vers son panier remplit de vêtements pour bébés. C’est vrai qu’à la base elle était venue ici pour se trouver des habits mais les deux lourds lui avaient ôté toute envie de continuer à arpenter la rue, surtout si c’était pour en rencontrer d’autres comme eux.
Elle s'adressa de nouveau à la femme brune.

« C’est joli ce que vous avez choisit! Mais ça doit être lourd non? Vous voulez que je vous aide à porter? »

Avec un grand sourire aux lèvres, Alicia attendit à peine la réponse qu’elle se décida à prendre le panier. Elle ne savait pas pourquoi mais cette dame lui inspirait de la sympathie. Elle voulait l’aider pour qu’elle ne se fatigue pas car après tout, elle devait déjà porter un nouvel arrivant dans son ventre qui devait quand même un peu peser.
La blonde avait beaucoup de questions qui jaillissaient dans son esprit mais elle ne savait pas par laquelle commencer et surtout elle n’osait pas. Elle n’avait pas envie que la brune la trouve envahissante et malpolie. Elle ne put s’empêcher de regarder de nouveau vers le ventre de l’humaine avec un regard attendrit.