Cassandra Dubois était allée à la mairie pour déposer un dossier concernant son appartement, en effet elle venait de racheté celui au-dessus du siens dans son immeuble de standing et souhaitait faire des travaux pour lier les deux. Malheureusement il lui fallait donc un permis de construire ou quelque chose du genre, elle n’avait pas rempli le dossier elle-même mais bien sur elle devait le donner en main propre et signé ce que son assistante ne pouvait faire. Personne n’imitait la signature de Cassie. Cependant elle faisait déjà la queue depuis plus de deux heures et n’avait même pas fait un mètre dans la file d’attente. Le destin s’amusait avec ses nerfs. La française avait mieux à faire que de poireauté ici sans pouvoir fumer ou boire ou même crier sur personne. Un démon ou une innocente n’aurait pas pu faire pire.

Finalement à bout de patience le mannequin quitta sa place dans la file et alla jusqu’au guichet sous les protestations des autres gens auxquels elle répondit par un doigt d’honneur. S’ils n’étaient pas contents ils n’avaient qu’à faire pareil. Cassie prit la place d’un jeune homme et agressa la femme derrière son petit bureau. Cette dernière semblait déjà avait très peur de la brune qui sourit de façon machiavélique.


Sur ce elle sortit son téléphone portable flambant neuf de son sac et photographia la pauvre femme afin de garder son visage et son nom en mémoire puis elle tourna les talons après avoir poussé le dossier un peu plus vers l’employée. D’un pas assuré et un sourire satisfait aux lèvres Cassie prit la direction de la sortie. Dans la file d’attente on la regardait soit avec indignation soit avec admiration mais la brune s’en moquait au moins elle avait le reste de son après-midi de libre. En sortant de la mairie elle mit ses gants de cuir Marc Jacobs et referma le col de son manteau Oscar de la Renta. La Californie n’était jamais très froide mais le soleil se faisait discret et il fallait tout de même se couvrir. Un peu plus long sur le trottoir il y avait un stand de café et Cassie se sentait d’humeur à prendre une petite dose de caféine pour se remettre de toute cette attente. Il n’y avait que 5 clients devant le petit kiosque mobile et la française se dit donc qu’il ne lui faudrait pas trois ans pour avoir son café. Contente elle alla donc elle aussi faire le pied de grue et attendre son tour gentiment cette fois.

Je remontais tranquillement l’avenue pour aller jusqu’à mon appartement. Je sortais du travail, enfin si on peut dire. Les portails qui menaient à l’école de magie étaient nombreux et parfois même directement liés à votre maison. Je sais que c’est le cas au manoir. Mais moi je préférais celui qui arrivait au centre ville. De cette façon j’avais un peu l’impression d’être normale. Et puis l’apparente normalité servait aussi à faire fuir les soupçons. Ainsi mes voisins me voient partir de chez moi le matin et y rentrer le soir, comme une jeune femme normal. Alors que je passe mes journées à faire de la magie.
D’ailleurs depuis cette année j’ai ma classe à moi toute seule, dire que ça fait presque un an déjà que je suis arrivée dans ce San Francisco du passée. Et je n’ai pas l’impression d’avoir fait grand-chose, enfin sauf si on oublie la petite chose autour de mon cou. Ce n’est pas toujours facile de tenir les élèves. Les plus petits je gère bien mais les grands…déjà il me dépasse en taille alors savoir de l’autorité c’est pas gagné ! Mais j’ai bonne espoir, après tout j’ai maté Jack et il fait trois têtes de plus que moi ! D’accord c’est mon petit frère ça compte moyen mais bon, on se remonte le moral comme on peut.
Comme je marche toujours une délicieuse odeur me prend les narines. En levant un peu la tête je vois un petit stand de caché comme on en voit beaucoup en centre ville. Mais ce n’est pas le café qui a attiré mon petit nez, non mais plutôt ce qui se trouve à côté, les muffins au chocolat ! Ni une ni deux je décide de faire la queue pour avoir ma part.
Je me place derrière une femme qui porte un manteau qui doit valoir aussi cher que ma tenue complète. Elle porte des talons et me dépasse largement mais je suis sure que même sans, je resterais plus petite qu’elle. Son visage me dit vaguement quelque chose mais je suis incapable de savoir où je l’ai déjà vu. Ce qui est certain c’est qu’elle semble être le genre de femme qu’on ne cherche pas à embêter. Le genre à vous bottez le cul juste pour l’avoir regarder trop longtemps.
Au moment où je pense cela je baisse les yeux vers le sol. C’est stupide je sais mais c’est instinctif. Je ne peux m’empêcher der ressentir une certaine puissance venant de cette femme, probablement a-t-elle un tempérament de feu, elle à l’air pourtant paisible ç faire la queue pour un café. Mais ce qui me taraude c’est que je sais que je la connais ! Son visage n’a rien de marquant, même s’il porte les traces d’une grande confiance. Finalement je la fixe, je veux savoir d’où elle me parait familière. Je sais c’est mal poli mais tant pis. Ce n’est pas comme si j’avais autre chose à faire avant que ce ne soit mon tour. Tout ça pour un muffin ! Et soudain ça me revient !

_ Cassandra Dubois !

Cassandra vit la jeune femme qui se plaçait derrière elle dans la queue, juste au moment où elle avançait d’un grand. Même sans utiliser son pouvoir elle pouvait sentir le regard scrutateur de cette dernière dans son dos. C’était une sensation désagréable et la française enclencha son pouvoir de télépathie pour savoir à quoi pensait cette petite impertinente. Elle cherchait son identité et avait peur de la brune. Finalement c’était amusant et un sourire mesquin se dessina sur les traits de la sorcière. Elle adorait suscité la curiosité et les pensées de cette jeune femme étaient plutôt amusantes, elle se prenait la tête pour peu de chose.

Soudain son nom complet fut prononcé, Cassie savait parfaitement qu’elle ne connaissait pas cette personne aussi celle-ci l’avait forcément vu en photo ou autre chose du genre. Polie, la française se retourna et parue surprise d’entendre son nom. Elle l’était tout de même un peu mais son pouvoir atténuait depuis longtemps ce sentiment. Pour faire bonne figure le brune sourit et détailla celle qui l’avait interpellé. Elle était vêtue simplement, une tenue d’hiver californien de base, des cheveux bruns mais aux reflets plus clairs, un regard bleu/vert perçant et une silhouette plutôt frêle.


Fit Cassandra, ingénue. Elle était curieuse de ce que pourrait lui dire cette jeune femme à l’apparence si innocente. Même sa fille Lexie, qui jouait souvent à la sainte nitouche ne pouvait affiche un regard aussi franc. Son regard lui disait cependant quelque chose, comme un air de famille avec une personne que Cassie connaissait. C’était fort possible, le mannequin croisait énormément de monde et ne pouvait pas se souvenir de tout le monde, peut-être cette femme avait-elle travaillé sur un shooting ou un défilé mais la sorcière ne pouvait pas en être sure. Comme elle le pensait de premier abord cette brunette pouvait simplement la connaître grâce aux magazines. Cassandra avança encore d’un cran, il n’y avait plus qu’une personne avant elle.


Demanda poliment la française comme si elle était toujours aimable avec tout le monde. Enfin elle pouvait se le permettre après sa petite scène à la mairie et puis si jamais elle avait affaire à une fan ou un truc du genre mieux valait faire bonne figure. Finalement ce fut à son tour et Cassie resta une bonne minute à contempler la carte affichée derrière le monsieur qui tenait sa boutique mouvante. C’était difficile de choisir seule son café, Cassandra buvait normalement un expresso noir avec 2 sucres mais son assistante lui apportait d’office alors là la française était presque dépaysée. Son choix se porta sur quelque chose d’un peu sophistiqué.



La sorcière s’étonnait toute seule d’être aussi gentille. Elle avait bien fait de péter un plomb avec cette employée débile mais il ne fallait pas rêver cela ne marchait pas tout le temps mais Cassandra devait cependant reconnaître que lorsqu’elle s’énervait contre quelqu’un il y avait toujours ensuite un moment où elle était d’une extrême gentillesse même si ça n’était pas forcément toujours sincère. Une façon d’équilibrer la balance et de prouver qu’elle n’était ni bonne ni mauvaise.

Je suis surprise des mots que je prononce. Moi si discrète, s’exclamer ainsi tout haut ça fait bizarre. Mais le plus étonnant c’est que la femme devant moi se retourne, j’ai dû trouver le bon nom. De face elle est encore plus impressionnante et ce malgré son sourire. L’étonnement doit se lire sur mon visage mais Cassandra, je suppose que c’est son nom puisqu’elle s’est retournée, sourit. Ça fait bizarre parce que je me souviens maintenant où je l’ai vu. Oui dans un magazine, avec un article qui racontait ses déboire avec la justice. Un tempérament de feu, comme je l’ai deviné un peu plus tôt par son aura. Et pourtant elle à l’air si gentil à ce moment.

_ Euh, non, non…Je suis désolée…

J’ai vraiment l’air stupide pour le coup. Décidément cela semble être ma tradition dans ce présent. Chaque fois que je rencontre quelqu’un hop boulette ! Bon d’accord ça n’arrive pas à chaque fois mais c’est pas loin.
La file d’attente avance un peu et je me sens d’autant plus ridicule. Je l’appelle et ensuite je change d’avis, vraiment quelle impression je donne ! Aller reprends-toi Anna !
Cassandra commande son café et je commence à sortir mon portefeuille pour payer ma pâtisserie. Est-ce qu’elle pense vraiment que je suis une idiote, moi je le penserais. En tout cas elle est plus belle qu’en photo, ça ne m’étonne pas qu’à son âge elle ait encore une carrière impressionnante. Je ne me souviens plus si je l’ai déjà aperçut à mon époque. Elle doit avoir 20 ans de plus là-bas, ça m’étonnerait qu’on la connaisse encore.
C’est enfin à mon tour alors je demande mon muffin qui sent si bon. Je dois faire quelque chose pour évitez que cette femme ne parte en pensant que je suis une demeurée.

_ En fait c’est juste que je vous aie reconnu. Je ne voulais pas vous importuner.

Moui bon c’est un peu vaseux mais j’espère pouvoir la retenir un minimum. Je ne peux pas rentré chez moi sans avoir fait changer Cassandra d’opinion. Je fais un peu prétentieuse là mais il faut ce qu’il faut. Confiante je lui tends la main.

_ Moi c’est Anna Mitchell.

Je ne sais pas si elle va serrer ma main, en fait je pense que ce n’est pas le genre de femme à le faire. Mais en même temps je ne l’imaginais pas non plus en train de s’offrir un café dans la rue. En fait je ne l’imaginais pas du tout. Je suis pas une fan. Je la connais juste comme ça. Mais bon ensuite je pourrais frimer, si tant est qu’elle daigne accepter ma présentation.

La jeune femme qui se trouvait derrière Cassandra s’interrogeait énormément et cela amusait le mannequin. Oui Cassie avait laissé sa télépathie en marche pour savoir à quoi pensait la petite qui attendait derrière elle. Malheureusement elle n’était pas une fan et faisait souvent des références étrange au futur, cela piquait d’autant plus la curiosité de la française. Aussi une fois servit elle se décala simplement le temps de réchauffer un peu ses mains autour de la tasse cartonnée. Elle entendit l’autre demander un muffin et elle fit mine de se remettre en marche. Au même moment on l’interpellait. Cassie se retourna, toujours souriante. La jeune femme s’excusa puis se présenta. La brune étant dans un bon jour elle tendit la main pour serrer celle qu’Anna lui tendait.

« Cassandra Dubois, mais vous le saviez déjà. »

Répondit la française. Celle-ci pouvait entendre la volonté d’Anna à lui faire la conversation. Visiblement elle tenait à ne pas donner l’impression d’être une petite écervelée. Cassandra rigola intérieurement, elle ne se prenait pas pour la femme la plus intelligente du monde mais la française s’estimait capable d’un minimum de jugeote, elle n’en était arrivée là que par elle-même et à son instinct. En revanche elle voulait bien papoter avec la jeune femme sur ce fameux futur/présent ou quoi que ce fut qui semblait la tracasser.

Le mannequin ne savait pas trop comment aborder le sujet. Un petit vent froid soufflait sur le centre ville et elle était heureuse de pouvoir se réchauffer avec son café pour faire la papote. Cassie réfléchit rapidement à une tactique pour arriver à ses fins. Cette jeune femme semblait innocente et gentille à se prendre le chou pour peu de chose. Avec toujours un sourire visé aux lèvres elle demanda à Anna.

« Alors vous vous intéressez à la mode ? »

Demanda Cassie le plus naturellement du monde. Si la jeune femme l’avait vu quand un magasine mais pour autre chose que des fringues elle devait donc savoir que la brune avait un rapport avec la mode. Et de fait cela semblait un parfait moyen d’entamer une conversation. C’était une situation ironique. Anna voulait lui parler pour paraître intelligente, dans un sens, et Cassandra voulait lui tirer un peu les vers du nez. En fait une des deux perdrait. En même temps la française savait que ce ne serait pas elle et que si elle pouvait apprendre quelque chose alors peut-être pourrait-elle faire plaisir à cette jeune femme et lui faire une remarque sur sa sagacité.

« On pourrait peut-être s’asseoir un peu à l’abri ? »

Le mannequin ne tenait pas à rester debout pendant cent ans surtout après sa petite séance à la mairie. Et puis tant qu’a discuter autant le faire confortablement. Par contre là dans la rue et avec les températures d’hivers ça ne serait pas très pratique mais il y avait un vrai café un peu plus loin dans la rue elles pourraient probablement s’installer et commander quelque chose au besoin. Du moins Cassie pourrait le faire elle n’était plus à ça près.

Quel soulagement, Cassandra me serre la main. Et se représente mais comme elle le fait remarquer je le sais déjà. Bon d’accord les journaux disent vrais, elle a le sens de la répartie. Et moi je ne devrais même pas savoir ça. En revanche elle me désarçonne avec sa question. Est-ce que je m’intéresse à la mode ?! Non surement pas. Enfin un minimum vu que je dois bien m’habiller, mais après je suis assez basique et voir bohème alors les fringues de couturier très peu pour moi. Enfin sauf si on remonte au lycée où j’empruntais des vêtements à Rose, qui à toujours eu la fièvre acheteuse mais ça ne veut pas dire que je m’y intéresse.

_ Oh et bien euh, un minimum comme tout le monde.

Très fin comme réponse Anna ! Enfin c’est mieux que rien, là j’ai engagé la conversation mais je ne pouvais pas m’attendre à n’avoir rien en commun avec un ancien mannequin international. En fait je ne sais pas si elle travaille aux USA ou dans le monde. Note à moi-même : poser la question.
Cassandra me propose d’aller discuter à l’abri. Un peu plus et je sauterais de joie. Ça me fait la même que lorsqu’un homme m’invite. C’est bizarre comme comparaison mais tant pis. Moi je veux bien qu’on papote ailleurs que dans le froid mais là ça va être dur, on ne va pas aller dans un café. J’ai un salaire certes mais magique et donc financièrement parlant c’est pas terrible pour les extras de la vie. Nous sommes face à la mairie et je sais qu’il y a une cafétéria accessible à tout à l’intérieur. Il y a plus luxueux mais on fait comme on peut.

_ La cafétéria de la mairie fait de très bonnes pâtisseries, si vous voulez.

Et moi je suis une grosse goinfre ! En tout vas je l’aurai dit, l’effet aurait été le même. J’ai un muffin dans les mains et je pense encore à manger. Ventre sur patte : présente ! Et encore une boulette pour Super Anna. Je me désespère moi-même. Mais je peux aussi penser à elle, avec son café, enfin je crois que c’est ça, elle veut peut-être manger quelque chose. Mais je me demande si un mannequin mange ? Biens ru que ça mange mais un gâteau avec son café, ça fait un peu heure du goûter tout ça.
Je mords dans mon muffin histoire de me remplir la bouche. Peut-être que comme ça je dirai moins de bêtise. Je regarde encore une fois Cassandra avec attention. Son manteau à lui seul doit valoir une fortune. Est-ce qu’elle n’a que des goûts de luxe ou est-ce qu’elle fréquente régulièrement le commun des mortels ? J’ai quelques élèves qui viennent aussi de familles fortunées et malheureusement ils ne sont pas tous sympathiques. Ou alors c’est que je ne sais pas y faire avec eux. En même temps mes amis sont du même style que moi alors je manque de pratique. C’est un peu stupide ce que je raconte mais moi je me comprends. Pour encourager mon interlocutrice je lui souri de toutes mes dents. Qu’elle choisisse vite, il fait particulièrement froid aujourd’hui.

Cassandra se retint de rire au nez de la jeune femme. L’avait-elle bien regardé pour lui proposer d’aller squatter la cafétéria de la mairie. D’abord elle en sortait et ensuite elle avait assez d’argent pour s’offrir tout ses repas à La Tour d’Argent à Paris et on voulait qu’elle paie une minable pâtisserie dans un bâtiment municipal. Oui c’était risible. La française se contenta d’un petit rire amusé qui demandait si c’était une blague. Evidement en lisant les pensées d’Anna Cassie découvrit que ce n’en était pas le moins du monde. Elle se passa nerveusement la main dans les cheveux et se racla la gorge.

Ce n’était pas très glorieux comme potin mais la sorcière savait qu’on ne lui laisserait pas faire un pas dans le bâtiment. En revanche le mot ‘magie’ dans les pensées de son interlocutrice avait attiré son attention. Finalement elle avait bien fait de discuter avec cette demoiselle. Désormais la curiosité piquée à vif, Cassie décida d’insisté un peu pour aller dans un café. Quitte à invité, ça ne ferait pas un trou dans son budget. Restait à convaincre la jeune femme. Rien qu’à son apparence on pouvait deviner une certaine timidité et de l’honneur.

« Allons laisser moi vous inviter, je suis sur qu’un chocolat chaud demi crème accompagnerait à merveille votre muffins. »

Cette fois Cassandra ne lui laissa ps le temps d’argument ou de trouver une échappatoire. Après tout c’était Anna qui avait voulu lui tailler une bavette, ainsi elle la prit par les épaules et l’entraina vers le salon de thé si cosy et réputé qui se trouvait un peu plus loin. De tout façon lorsque la française avait quelque chose en tête même un troupeau d’éléphants menaçant ne pouvait lui faire changer d’avis. Et puis avec une compagne aux pensées si faciles à lire, il serait dommage de ce privé du plaisir de lecture. Sans grande difficulté elle l’entraina vers le café où un serveur du genre guindé et très gay les accueilli. Cassandra lui ordonna de leur donner une table près du feu crépitant puis lui tendis sa tassa cartonné et demanda un Irish coffee. Le serveur prit la commande d’Anna avant de repartir, beaucoup moins joyeux.

« Je suis tout de même étonnée que vous ne vous intéressiez pas à la mode, vôtre style est tout à fait particulier. »

En réalité Cassie s’en moquait pas mal mais dans la psychologie humaine il n’existe que deux méthodes pour qu’une personne fasse des confidences, la torture ou la confiance et même si la première option faisait parti des loisirs de la sorcière la seconde lui paraissait plus adapter à cette situation. Si elle voulait savoir qu’elle rapport avait Anna avec la magie elle devait se montrer aimable et gentille puis ensuite être la première à ‘gaffer’ sur son secret. Ce serait des plus facile Cassandra qui avait toujours eut une vocation d’actrice. Mais rester au mannequina lui permettait au moins de paraître gentille à l’image.

Je me sens effroyablement bête lorsque j’entends Cassandra glousser, qui propose une cafétéria minable à un mannequin ? Bah miss Anna comme d’habitude ! Sur quoi elle m’explique que les employés de la mairie ne sont pas ses fans numéros 1. En même temps malgré sa grâce et sa prestance je l’ai quand même connue par ses faits judiciaires, dans un magazine, j’imagine assez bien que certaine personne ne la porte pas dans leur cœur.
Puis avant que je ne puisse dire quoi que ce soit Cassandra me prend par les épaules et me cite des boissons pouvant accompagner mon petit dessert. Elle veut m’inviter, je ne peux pas la laisser faire ça mais ce n’est pas comme si elle me laissait le choix. Je doute que mon interlocutrice soit le genre de femme à qui l’on dit non. Ou même qui prennent le non pour une réponse. Ça doit être facile de vivre avec elle tient.

_ Alors d’accord…

Ne tentons pas de négociations ça pourrait finir en pugilat. En arrivant au salon de thé je remarque par hasard un menu ouvert et les prix me font plus peur que mon dernier démon. D’accord même avec mon salaire je ne peux pas m’offrir un verre d’eau ici. Le serveur qui nous reçoit semble bien bête lui aussi, il n’a pas pu sortir son petit spitch et Cassandra l’a émasculé en un regard. Oui, on ne lui dit pas non et on ne lui dit rien en fait.

_ Un café à la crème de chocolat et un nuage de lait s’il vous plait.

Je sauve les apparences et me montre polie, pas qu’ils me reverront un jour mais ce n’est pas la peine qu’ils pensent que je suis la fille de ce dictateur en puissance, dans le bon sens du terme évidement. A moi elle ne m’a rien fait.
Le sujet revient sur la mode et mon style particulier. En fait à mon époque il ne l’est pas tant que ça et moi-même ne me trouve pas habillée bizarrement mais je suis du genre à prendre ce qui me tombe sous la main et à l’agrémenter. Là je porte simplement un jean, certes abimé en bas, un pull rouge/rose assez large avec un col bateau et un marcel blanc en dessous et donc les bretelles dépassent. J’ai une grosse ceinture et pas mal de bague fantaisie. Bref normal. Mais je conviens que pour les gens sophistiqués, je suis habillée ‘à l’arrache’ comme on dit.

_ Et bien j’aime être à l’aise dans mes vêtements mais en fait je suis institutrice dans une école…privée et je porte donc un uniforme alors mes vêtements ont peu d’importance.

Je m’en sors plutôt bien sur cette réponse, en particulier pour mon métier, l’école de magie n’est pas privée mais elle est réservée aux seuls êtres magiques, c’est pareil on ne va pas chipoter. Le serveur revient avec notre commande et je suis émerveillée par la taille de ma tasse et surtout les décorations qui accompagnent la boisson. Je ne vais jamais la boire. Il pose les assiettes et repart très vite sans attendre de remerciement, Cassandra doit vraiment lui faire très peur.

_ Vous semblez impressionner beaucoup de gens.

Fis-je remarquer distraitement. Je ne m’attends pas à ce qu’elle répondre mais on ne peut pas nier que mon interlocutrice en impose. Pour ma part elle ne me terrifie pas encore mais je suppose que c’est parce qu’elle se comporte poliment envers moi. Et puis en voyant ce dont elle est capable avec un regard je ne vais pas aller lui chercher des crosses. Stupide mais pas folle !

Cassandra ne porte qu’une attention limitée à la réponse que lui fit Anna sur sa tenue vestimentaire. Elle était bien trop occupée à réfléchir sur les pensées de la demoiselle. Celle-ci avait en effet parlé d’une époque dans sa tête et pas n’importe la laquelle, la sienne. Cela ne pouvait signifier qu’une chose, qu’elle n’appartenait pas au même plan astral que Cassie ni aucune autre personne présente dans le café. La française était donc désormais de plus en plus curieuse et fasciné par cette fille qui l’avait simplement interpellé. Faisant mine d’écouter elle hocha la tête positivement et fit un sourire.

Puis ce fut à Anna de faire une remarque pertinente. Pour une fois comme rarement dans sa vie Cassie se retrouva sans vraiment savoir quoi dire. Que répondre au fait qu’elle faisait peur au gens pour parler moins gentiment que la brunette. Oui elle s’imposait mais elle avait évolué dans un monde de sauvage où si l’on se laisse faire on fini en steak tartare. Et par ailleurs Cassandra avait toujours été une force de la nature, déjà toute petite elle tenait tête à son père et avait osé tout quitter pour aller vivre à Paris. Bien sur après cela la française était tout à fait consciente d’avoir un caractère de chien mais cela va avec la confiance en soi, on ne peut que se sentir supérieur aux autres, sauf que dans son cas c’était vrai. Son pouvoir lui permettait d’avoir toujours un coup d’avance sur ces interlocuteurs, elle était juste assez intelligente pour savoir utiliser de son don.

Cassie déclara cela sur un ton des plus sérieux mais teinté de légèreté pour ne pas faire fuir la jeune femme. Le serveur aux attributs génitaux ridiculement petits revint portant son plateau d’argent et déposa deux assiettes sur lesquelles reposaient les deux tasses commandées puis il repartit aussi sec. La brune mit ses mains de part et d’autre de son verre à pied. Le tout était agréablement chaud et la chantilly sur le dessus fondait doucement pour se fondre au reste de la boisson. Cassie se pencha pour en aspirer un peu grâce à la paille, c’était très puéril mais si agréable. Elle remit une mèche de cheveux derrière ses oreilles et reprit la conversation.

« Une école privée donc, personnellement je n’aurais jamais pu travailler avec des enfants et encore moins des gosses de riches, je sais par expérience qu’ils sont insupportable. »

Le mannequin ne faisait pas spécialement référence à sa personne car objectivement elle n’était pas née dans une famille de bourgeois mais bel et bien à sa fille, Lexie. Elle n’avait jamais su l’aimer correctement mais en même temps cette gamine était aussi peste que ca mère même si celle-ci refusait de le reconnaître. Cassie lui avait toujours donner tout ce qu’elle souhaitait matériellement parlant, lui avait offert le meilleur et en avait donc fait une petit pimbêche qui se donnait des grands airs à vouloir jouer à la sorcière bénéfique. Tant mieux pour elle, si cela lui faisait plaisir, Cassie serait même ravit de lui offrir un grimoire blanc. Mais le btu de sa question était de pousser Anna à penser à sa fameuse époque, Cassie n’attendait que la faille pour se glisser dans la brèche et découvrir les vilains petits secrets de cette jeune femme.

Si j’avais été en train de manger quelque chose je me serais surement étouffé à la réponse de Cassandra. Et bien au moins elle sait ce qu’elle veut dans la vie être cannibale, enfin expliqué grossièrement. Je me doutais que cette femme était une puissance de la nature mais je ne l’imaginais pas non plus en bulldozer. Gare à toi petite Anna ou le loup te mangera. Je dégluti un peu difficilement et espère réellement ne jamais me la mettre à dos. En revanche il est vrai que m’en faire une amie serait une arme redouble dans mon jeu. Un démon qui me cherche un peu trop et hop je lui lance Cassandra. À l’attaque !
Le serveur arrive avec noter commande et je m’étonne de la vitesse record avec laquelle il dispose de nos plat et repars dans même attendre un merci ou quoi que ce soit. Je baisse la tête sur mon immense tasse brulante et regarde mon interlocutrice à travers mes mèches de cheveux lâches. Elle est presque diabolique et a complètement terrorisé ce serveur. Comme j’aimerai être capable d’inspirer un tel respect.
Je prends ma petite cuillère et touille mon café en y ajoutant ma crème de chocolat. Il y a un moment de silence puis Cassie me demande à demi mot des détails sur mon travail à l’école. Evidemment en ayant utilisé le mot privée elle a déduit que je m’occupais des enfants de la crème de la ville alors que la major partie de mes élèves sont d’un niveau très modeste. Mais en même temps je ne vais pas la contredire, ce serait louche et puis je ne vais pas non plus avouer que mes élèves sont des apprentis sorciers.

_ En faite quand on est gentil et pas trop exigent ils sont très sympathiques.

Ce n’était pas vraiment ne mensonge en plus le élèves étaient les mêmes partout, magique ou non. Et je ne pense pas être un professeur sévère ni chiant. D’ailleurs mes élèves m’apprécient ou du moins j’ose espérer que c’est le cas.
Mais je souhaite plutôt détourner la conversation de ce sujet un peu trop tendu à mon goût et j’ai entendu qu’elle avait l’expérience des enfants pourri gâtés, serait-elle mère ou bien ayant grandit en tant que telle ?

_ Vos enfants sont turbulents peut-être ?

Et hop ni vu ni connu on change de sujet. C’est un mannequin elle doit aimer parler d’elle et sa petite personne. C’est ce qu’on est en droit d’imaginer de ce genre de personne, il faut s’aimer un minimum pour parader devant les gens et se genre de chose. A croire d’ailleurs que ma jumelle à raté sa vocation en étant simple serveuse alors qu’elle adorerait être acclamer par une foule de photographe. Mais c’est méchant de dire ça alors que les choses vont à peu près bien entre Rose et moi maintenant.
Je porte ma tasse à ma bouche et sens avec délice le goût de ma boisson et son parcours qui réchauffe l’intérieur de mon corps. J’adore cette sensation du liquide chaud qui descend le long de l’œsophage et qu’on peut presque sentir dans son estomac.

C'était ça, Cassandra venait de mettre le doigt dessus, au sens figuré bien sur mais avec sa question elle était parvenu à faire dire ce qu'elle voulait à Anna. Ce n'était pas tout à fait en rapport avec l'époque énoncé précédemment mais la jeune femme parlait de magie. Un voyage dans le temps peut-être. En tout cas cette enseignante devait faire référence à l'école de magie, cela expliquait la blouse et le terme de privée, c'était intéressant. Dernièrement les rencontres marquantes que faisait la française avait rapport avec la magie. C'était ironique pour elle qui avait longtemps fuit le monde de la magie, mais il fallait croire qu'à force d'en faire usage cet univers l'avait rattrapé. Qu'importe elle avait désormais un vrai coup d'avance sur la jeune femme et il ne lui faudrait pas longtemps pour comprendre ce qu'elle entendait par le mot époque.

« Il ne faut pas être trop gentil non plus. »

Ajouta Cassie sans vouloir être cassante. Mais elle imaginait mal Anna, frêle, menue et minuscule faire tête à un colosse d'un mètre quatre-vingt dix. Mais les élèves de l'école de magie n'étaient pas non plus une troupe de sauvage. La brunette répliqua rapidement en demandant au mannequin comment se comportaient ses enfants. Visiblement la question était hasardeuse puisse que la brune n'avait qu'une fille et même si turbulente, Cassie n'aurait pas utilisé cet adjectif pour la décrire. Lexie était trop complexe pour ne tenir qu'en un seul mot.

« Ma fille unique, oui elle me cause beaucoup de soucis. »

Répondit simplement Cassie en buvant une gorgée de sa boisson. Si cette godiche croyait pouvoir la faire changer de sujet elle se mettait le doigt dans l'œil et très profond. Mais ayant maintenant un atout de plus dans sa main la française était prête à laisser une longueur d'avance à Anna, on pouvait parler un peu de la vie de Cassandra, après tout elle adorait ça. Sa personne était le plus important. Mais pour le moment cette même et magnifique personne voulait connaître le grand secret de l'enseignante. Du bout du doigt elle attrapa un peu de chantilly et le porta à sa bouche. La mannequin réfléchissait à son prochain coup, comme aux échecs, le plus intelligent pour le moment serait peut-être de ne pas bouger mais Cassie avait aurait de laisser les chsoes se faire d'elle-même, sa tactique était toujours la même: provoquer le destin.

« Heureusement qu'il est en mon pouvoir de la stopper quand elle dépasse les limites... »

La brune avait insisté sur le mot pouvoir puisque c'était bien de ça qu'il s'agissait. Et oui combien de fois elle avait réellement figée sa fille pour avoir la paix. Plus d'une fois et plus de fois que ce que cette dernière pouvait imaginer. Mais ce n'était pas le propos. Cassie posa un regard insistant sur sa cadet pour mettre celle-ci mal à l'aise pour faire un erreur. Elle devait même pouvoir rajouter quelque chose qui la ferait frémir de peur et lui ferait faire une erreur dans son mensonge. Mais le mannequin décida de s'abstenir, le jeu du chat et de la souris lui plaisait beaucoup trop pour ne pas le faire durer un peu plus que nécessaire. Perturbée ainsi les pensées d'Anna seraient d'autant plus faciles à lire qu'en temps normal.

Je suis bizarrement surprise d’apprendre que Cassandra n’a qu’une fille. Ce n’est pas si étonnant que ça quand on réfléchit au personnage mais mère de famille nombreuse aurait été un rôle pour elle. Une sorte de mini-camps militaire ou tout le monde obéis. Si elle était prof je suis sure que les élèves ne lui chercheraient pas de poux dans la tête. Mais en même temps elle serait bien capable de les torturer pour obtenir des résultats…ouai mauvaise idée.
Pour en revenir à la fille de Cassie, j’ai du mal à imaginer qu’on puisse lui tenir tête ce que semble faire la demoiselle. Après personnellement je n’ai jamais eut à affronter mes parents puisque je suis une fille sage. Les quelque bêtises que j’ai pu faire sont passées relativement inaperçues, camouflée par les énormes de Rose. Parfois je me dis que j’aurais dû en profiter pour en faire plus mais ce n’est pas dans mon caractère. Pourquoi aller chercher les ennuis pour se faire remarquer quand il suffit de rapporter un A+ sur l’ensemble des matières sur le bulletin. Dans un sens c’est normal que je sois devenue enseignante malgré mon diplôme de droit, j’adore l’école !
Je bloque sur la phrase que rajoute Cassandra. Son pouvoir, stopper, tout ça me fait penser à certaines personnes de ma famille et je trouve de plus en plus louche toutes ses allusions. Est-ce qu’elle sait quelque chose que j’ignore. Non je pense plutôt qu’elle soupçonne chez moi des capacités qu’il se pourrait que j’eusse. Mais hors de question de confirmer ou démentir. Je me ferais tuer par les Fondateurs.

_ Je crois que c’est un atout de tous bons parents. Les miens ont toujours eut des très bon arguments pour mes cadets.

Cette femme est décidément pleine de surprise. Ce pourrait-il qu’elle soit une sorcière ?! Mais alors la question serait de savoir à quel camp elle appartient. Je me suis déjà fais avoir une fois avec Seth, je n’ai pas franchement envie de recommencer. Et puis je vais vraiment finir par croire qu’il y a marqué cruche sur mon front.
Je reprends une gorgée de mon café et cherche comment continuer la conversation. Je ne veux pas rester trop sur les sujets des enfants et de l’école, je pourrais me trahir. Et dire que c’est moi qui aie voulu engager la conversation. Et je ne suis même pas bourrée là ! Je vais rester un peu sur sa fille à elle.

_ Votre fille est peut-être simplement jalouse de vos fans. Avoir une maman accaparée par tous les autres ne doit pas être très marrant.

Je suis bien placé pour le savoir. Ma mère, Paige, à toujours été une très bonne mère, aimante et douce mais je me souviens avoir toujours été jalouse de ses protégés. Ils étaient sans cesse dans le pétrin réclamant son aide ou ce genre de chose qui la faisait quitter la maison. Mais avec un travail aussi exigeant que le siens, difficile d’équilibrer avec la vie de famille.

Cassandra fut passablement agacée par la réponse d’Anna, les bons parents, facile à dire quand on a 20 ans et par conséquent pas d’enfant. Les siens étaient des parents parfaits et bien tant mieux pour elle et pour eux. Par sa part son imperfection faisait d’elle un être parfait. Cassie excellait dans sa vie de femme et si elle avait raté l’éducation de sa fille elle ne pouvait s’en prendre qu’aux différentes nourrices de celle-ci. Lexie était de toute façon un accident, peut-être une tentative inconsciente de garder Steven à jamais dans ses filets. Quoi qu’il en soit le mannequin prit une gorgée de café plutôt que de répondre.

L’enseignante enchaina avec le fait que Lexie devait être jalouse de tout ses gens qui accaparaient sa mère. Honnêtement la française n’avait même jamais imaginé ce genre de chose pour la bonne raison qu’elle n’avait jamais réfléchit au problème. Elle se moquait de savoir pourquoi Lexie était un rebelle dans l’âme et mettait d’ailleurs cela sur le fait qu’elle ressemblait énormément à Cassie, point. Et puis surtout ce n’était pas ce qu’il l’intéressait. Cassandra voulait découvrir les secrets d’Anna, pas passer sous l’œil du psy.

« Moui peut-être, ou peut-être est-elle simplement une peste de nature. »

Avec tout ça, la jeune femme n’avait toujours pas confirmé être ou non une sorcière même si cela avait été très clairs dans ses pensées. C’était ça de fait mais Cassie était plus intéressée par cette histoire d’espace temps, le mot époque résonnait en boucle dans sa tête. Peut-être qu’ne continuant sur le sujet des parents cela reviendrait tournée dans sa petite tête. Dans le même temps l’heure tournait et même si le mannequin n’avait rien de bien précis à faire elle aurait aimé être chez elle assez tôt. Seulement pas question de rentrer bredouille. Après une autre gorgée de café qui lui permit de réfléchir elle reprit.

« En tout cas vous semblez beaucoup aimer vos parents et puis vos petits frères et sœurs si je déduis que vous êtes l’ainée d’après le terme cadet. »

Elle aussi pouvait faire de la psychologie de bas étage. Cassandra connaissait beaucoup de chose sur le comportement humain, des années à pénétrer dans leurs pensées les plus profondes avait parfait son sens de l’observation. Cette jeune fille se sentait scruté et sous pression et faisait tout pour ne pas penser au sujets qu’elle ne semblait pas vouloir trahir. De fait il suffisait à Cassie de l’emmener en terrain sur et un peu intime. La Famille. Puis les pensées D’Anna s’ouvriraient d’elle même sur ce qu’elle cachait. La française lui fit un grand sourire attendrit pour la mettre un peu plus en confiance. Finalement le défi se révélait plus dur que ce qu’avait pensé la brune au premier abord. Anna cachait une intelligence et surtout une stratégie défensive très instinctive. Son secret devait être sacrément important pour que tout son être le protège aussi bien. Une bonne raison pour que Cassandra le découvre.

Je dois avouer qu’entendre Cassandre dire que sa fille est une peste m’interloque. J’ai du mal à croire qu’on puisse ainsi parler de ses enfants, si on les a mit au monde c’est qu’on le aime non ?! Je prends une gorgée de café pour me remettre de mon émotion. Le sujet revient rapidement sur moi, c’est bizarre j’aurai cru qu’une femme de son genre aurait plus tendance à s’étaler sur la conversation plutôt que d’être obsédée par ma vie à moi. C’est louche, comme si je venais d’être piégée par un démon. Cassie est une démone mais pas au sens magique du terme bien sur. C’est affreux, maintenant je comprends ce que ressentent les petits insectes qu’on observe à la loupe pour découvrir leur secret. Je suis un insecte et Cassandra un scientifique fou. Je ne vais probablement pas m’attarder dans ce café.

_ Bah oui comme une famille normale quoi.

Dis-je avec un grand sourire et une emphase sur le mot normale. Je suspecte de plus en plus mon interlocutrice de ne pas seulement être un mannequin célèbre. Ma main à couper qu’elle essaie de me tirer les vers du nez. Je suis peut-être maladroite mais je sais tout de même me servir de mon cerveau. Je me suis fait avoir trop de fois pour ne pas renifler le coup tordu. Si j’avais été plus maligne j’aurai retourné ce petit jeu à mon avantage mais je ferai surement plus de dégâts ainsi.
Nerveuse je touille et retouille mon café qui va tourner à la bouillie. Bizarrement malgré mon envie de partir je n’arrive pas à trouver une échappatoire. Ma tasse n’est pas finie, mon satané téléphone ne veut pas sonner comme par pur hasard, il n’y aucun serveur maladroit quand on en a besoin. Pourquoi suis-je donc maudite. Les Halliwell normaux attirent les démons et moi je fais fuir la chance, c’est ça ?! Je lève les yeux vers les Fondateurs pour appuyer mon propos, si seulement je connaissais la formule qui invoque les leprechauns. Note à moi-même, enseigner ceci à mes élèves pour apprendre la leçon au passage.

_ Comment est-êtes vous devenue mannequin ?

Lui demande-je de but en blanc. C’était la première chose qui m’était venu et je me rends bien compte que c’est stupide. Je lui pose une question qui la concerne, elle me répond pas une autre sur ma vie. C’est un jeu de tennis en somme. Chacun se renvois la balle pour éviter des sujets sensible ? Ma magie, sa vie de famille apparemment lamentable, on fait une belle paire !
J’attends sa réponse et regarde avec insistance vers la porte de sortie, enfin d’entrée mais qui serait la première étape de ma fuite. Cassandra me perturbe de plus en plus, son sourire gentil alors que je sais qu’elle n’attend qu’une faiblesse de ma part pour me dévorer toute crue. C’est une prédatrice, et même si je doute qu’elle me ferait du mal je préfère ne pas tenter le diable, dès que l’occasion se présente je prends la poudre d’escampette !

Cassandra pouvait sentir à quel point elle oppressait la jeune Anna et cela l’amusait grandement. D’ailleurs celle-ci esquiva rapidement la question de la famille et la qualifia de normale, un mot qui n’était pas anodin dans leur situation. Cassie était de plus en plus persuadé que cette nervosité venait du fait qu’à chaque fois elle s’approchait dangereusement du secret. Malheureusement son lien direct sur les pensées de la jeune femme ne lui avait pas encore donné le morceau. Patiente, chose rare pour le mannequin, la française reprit une gorgée de son Irish coffee et attendit que l’enseignante se calme. Elle se sentait agressée et à trop la pressée Cassie finirait par la fermé comme une huitre.

Toujours concentré ses efforts furent enfin récompenser comme un mot en particulier et un geste de la part d’Anna apprit à Cassie se qu’elle voulait savoir. Halliwell. Cette jeune femme était donc bel et bien une sorcière et pas n’importe laquelle. Le seul souci était que tout le monde magique savait que les Charmed One étaient trois et qu’une d’entre elle faisait désormais les yeux doux à la Source. Cela devait donc avoir un rapport avec cette fameuse époque à laquelle la brunette avait déjà fait référence. Tout cela était de plus en plus intéressant. Cassie remarqua à peine le changement de sujet qui comme par hasard revenait sur elle, elle jubilait trop de sa découverte.

« Et bien très simplement en fait. Je suis partie de chez moi très jeune pour monter à Paris et j’ai été repérer par un agent, ensuite c’est beaucoup de chance. »

Cassie ne tenait pas à s’étaler et commençait à être fatiguer du petit jeu auquel elle se livrait avec Anna depuis tout à l’heure, chacune souhaitant rapporter la conversation sur l’autre. C’était elle qui menait la danse et elle voulait savoir ce qu’Anna entendait par époque parce que clairement si elle était une Halliwell, elle n’était ni Phoebe dont le visage était connu dans toute la ville, ni Piper qui avait rejoint le mal. Alors d’accord la française ne connaissait pas la troisième mais la brunette lui semblait un peu jeune pour appartenir au reste du groupe. Choisissant ses mots avec précision Cassandra enchaina.

« Je suis sûre que si à l’époque on m’avait annoncé la carrière que je ferai je n’en aurais pas cru un mot. D’ailleurs des fois j’aimerais retourner dans le passé, histoire de changer deux trois trucs. Mais c’est le souhait de tout le monde non ? »

Puisque la jeune sorcière avait parlé d’époque et de part son statut elle appartenait soit au passé soit au futur si on était assez intelligent pour faire l’association d’idée. Et puis si elle se sentait prise au piège, la panique la ferait surement craquée au pire même si elle prenait la clé des champs, vu la façon dont elle regardait la porte Cassie saurait qu’elle avait mit dans le mille. Seuls les coupables fut et la brune doutait qu’Anna soit une très bonne menteuse. Elle était, comment dire, trop bénéfique pour cela.

Sans surprise Cassandra esquive ma question avec beaucoup d’adresse, et dire qu’elle appartient à un monde régit par l’adage « soi belle et tais-toi. » Cette femme est très loin d’être bête et maitrise la conversation avec une dextérité jamais vu pour moi. Elle aurait probablement fait une très bonne dirigeante. Bon ce n’est pas le moment que je lui fasse des éloges. A la façon dont elle dit « chance » je pense qu’elle est surtout habituée à avoir ce qu’elle veut quand elle le veut.
Je manque de m’étouffer lorsqu’elle parle de bond dans le temps. Je suis prise d’une affreuse quinte de toux et il me faut facilement cinq minutes pour me remettre. Le serveur à fait un pas vers notre table mais encore trop effrayé par Cassie il n’a pas osé venir jusqu’à moi. J’aurai pu mourir quand même. Enfin ce n’est pas le plus important. Elle sait. Cassandra sait parfaitement qui je suis et c’est pour ça qu’elle a accepté de me parler en premier lieu. Si elle est au courant cela veut dire qu’elle aussi est magique. Mais quel camp ? J’ai du mal à penser qu’elle est bénéfique. En attendant je ne peux pas me permettre de m’enfoncer un peu plus. Je dois partir et maintenant. Mais je ne suis pas mal polie je vais quand même lui répondre.

_ Oui surement, et qui sait peut-être que certaines personnes y arrive.

Je lui fais discrètement passer le message que moi aussi je l’ai percé à jour. Je ne suis pas que maladroite. En revanche maintenant j’ai beaucoup moins de scrupule à partir sans demander mon reste et à la laisser payer l’addition. Le prix pour avoir jouer avec mes nerfs. Rapidement je fini ma tasse qui a refroidi juste assez pour que je ne me brûle pas puis je commence à reprendre mon sac.

_ Ce n’est pas que je n’apprécie pas votre invitation mais je n’ai pas que ça à faire. Je ne sais pas où vous voulez en venir avec tous vos sous-entendus mais il semble que nous soyons du même monde. Vous comprendrez que je puisse avoir des secrets que je veuille garder à ce stade. Merci encore pour le chocolat et bonne soirée.

Je me suis rhabillée durant mon petit monologue et fin prête à sortir je lui décoche simplement un signe de tête. Si je la laisse répondre qui sait ce qu’elle va encore pouvoir me faire comme révélation. Cette femme est dangereuse, j’espère pour le monde qu’elle ne rejoindra jamais le camp de ma tante Piper, auquel cas nous serions dans de beaux draps.
Je file donc aussi vite que possible vers la sortie, manquant de bousculer une serveuse au plateau rempli. Une fois dehors le froid me saisi violement. La nuit tombe sur San Francisco et malgré sa chaleur californienne de l’été, l’automne est plutôt rude pour nous pauvre habitant habitué à des températures plus élevées. Je regarde un moment autour de moi la course folle des gens qui rentrent du travail, il est temps pour moi de faire de même. Je baisse la tête pour une moindre prise au vent, enfonce les mains au fond de mes poches et me met en route.

Cassandra ne fut pas surprise de la réaction d’Anna à sa phrase, elle savait déjà qu’elle avait mit dans le mille avec ses phrases précédentes aussi elle prit simplement une gorgée supplémentaire de son Irish coffee. Elle attendit que la brune se calme au niveau de la toux et reposa sa tasse sur l’assiette. C’était comme avoir prit un poisson et le regarder se débattre au bout de sa ligne. En revanche Cassie ne s’attendait pas à ce que la jeune femme confirme aussi clairement ses doutes. Visiblement elle était elle-même démasquée. Qu’à cela ne tienne, elle n’avait jamais eut l’intention de se cacher. Utiliser aussi librement son pouvoir pouvait avoir cet effet. Les être magiques finissaient par deviner que la française n’était pas simplement doté d’une intuition exceptionnelle.

Le mannequin se contenta de sourire mais ne put pas en placer une avant qu’Anna ouvre de nouveau la bouche. Piquée à vif, la petite sorcière se rebiffait ce qui amusait Cassie malgré le fait qu’elle soit en train de se faire rembarrer et sévèrement. Elle aimait les gens avec du caractère. Elle n’apprécie donc que légèrement que la brune soit allée fouillée dans ses pensées, elle non plus n’aurait pas aimé mais l’inverse ne la dérangeait pas du tout. Anna lui annonçant ne pas vouloir rester pour garder ses secrets intacts, c’était un peu tard pour cela, en moins d’une demi-heure Cassandra avait découvert qu’Anna était sorcière et venait d’un autre espace temps. Bien sur cela, la française le garderait pour elle, il lui manquait encore un élément pour exploiter correctement ces informations. Ainsi sans sourciller Cassie laissa l’enseignante se rhabiller et partir. Finalement elle était plus forte que ce qu’elle s’était imaginé. Qu’à cela ne tienne, Cassandra aurait largement le temps de la revoir et de savoir ce qui se cachait enfin derrière tout ça.

La française fit un signe de main moqueur dans le dos de son interlocutrice qui partait déjà et ne la vit donc pas. Décidément traumatiser les autres était un véritable sport pour elle et elle n’en avait pas encore fini avec le serveur. Environs dix minutes plus tard lorsque Cassie eut fini son café elle claqua des doigts pour qu’il rapplique. Nerveux il s’approcha avec l’addition qu’il lui tendit en tremblant. Cassandra lui montra toute ses dents dans un sourire resplendissant puis lui donna sa carte de crédit. Elle sourit en partant. A l’extérieur elle allait s’approcher du trottoir pour héler un taxi quand un homme, d’une quarantaine d’année l’interpella. Il venait lui aussi de quitter le salon de thé et son chauffeur lui ouvrait la porte au même moment. Très galamment il l’invita à aller diner avec lui ce que le mannequin accepta volontiers. Elle monta à l’arrière de la berline et remarqua qu’elle avait affaire au maire de San Francisco en personne. Quelle coïncidence, elle pourrait lui glisser un mot pour son appartement et son employée très impolie.