La nuit a été propice aux excès. Il m’a fallu juste un peu de concentration, fermer les yeux et capter toutes les ressources maléfiques de San Francisco.
A ce petit matin, les cris des victimes me parviennent comme un doux murmure me faisant frémir de plaisir.
Le mal, quelque soit sa forme est puissant. Il est l’essence même de tous ces piètres humains ; enclins si facilement à la débauche. Pas besoin de démon pour les inciter aux vols, à la luxure... Ces esclaves nous nourrissent de leurs péchés. Et quel festin ils nous réservent dès les vendredis soirs !
Je me relève, gavé de victimes en tous genres. Quel doux don qu’est la télépathie. Entendre les autres, dans leur tête, sans qu’ils ne s’en aperçoivent. Rares sont ceux qui me sentent, me devinent. Ceux là, je les déteste d’autant plus. Ces sorciers et sorcières, parfois capables de me dégager de leur esprit.
Mais grâce à la Source et à sa protection, ces magiciens sont devenus plus que rares.

Mais chassons cela l’esprit. La matinée commence plutôt bien, il serait dommage de la gâcher.

Mes appartements se situent juste au dessus du magasin : Le monde d'en dessous. Ce dernier ne paye pas de mine. Quelques étagères croulant sous les ouvrages. Des tableaux de papillons naturalisés. Quelques animaux empaillés s’entassent dans le fond.
Les trésors de la boutique se situent à l’arrière. Seuls quelques initiés ont le privilège d’y entrer.
L’endroit ressemble plus à un hangar. Plusieurs espèces…Plusieurs élevages, maîtrisés et contrôlés à chaque instant.
Pour aller de l’appartement à la boutique, je devais traverser ce hangar. Je m’y ressourçais à chaque passage.

Ce samedi matin, comme chaque jour, je passais entre les vivariums. Ouvris la porte et pénétrais dans la sombre boutique. En deux pas j’accédais à la porte d’entrée, tourna le verrou et ouvris la grille de métal.

Je m’installais confortablement sur un large fauteuil et ouvris le journal sur les faits divers…

L'article sur une fusillade dans une grande surface était passionnant. J'entamais le passage des chiens écrasés lorsque la cloche de l'entrée tinta. Son aura ne trompait pas, une démone. Je dégnais lever les yeux, par curiosité. Son âge apparant contrastait avec le réel. Je reposais le journal devant moi, croisa les bras et regarda plus en détail la nouvelle venue. Sa tenue était assez aguichante et n'était pas pour me déplaire. Je restais un moment à détailler ses traits fins et sa mèche de cheveux tenue par une style de pince gravée de runes démoniaques.
Je lui répondis d'un ton neutre

Bonjour...Vous cherchez quelques choses de particulier?

Il était encore tôt, je devinais qu'elle venait de finir une balade nocturne, sûrement à secouer quelques humains au passage.
Je ne bougeais pas d'un poil, imperturbable. Regardant chacun de ses faits et gestes.

Je ne pus empêcher un sourire narquois se dessiner sur mes lèvres. Je murmurais comme pour moi même

Des envoûtements, comme c'est charmant!

Je continuais plus fort.

Désolé madame, nous faisons pas de ça ici... Ce n'est pas une boutique pour touriste attiré par les grigris et autre amuse gueule...

Je plongeais mon regard dans le sien, rempli de compassion... Un regard paternel comme sur une enfant ne comprenant pas un exercice.

Regardez autour de vous..Pensez vous vraiment être dans la bonne boutique pour cela... Ici ne viennent que les passionnés. Quels qu'ils soient...

En disant cette phrase, je lui donnais l'occasion de savoir que j'étais en mesure de lire dans son esprit, libre à elle, de le fermer ou non. J'étais même curieux de savoir si elle en serait capable.
Je lui lançais un regard plein de défis.

Alors, que voulez vous? Car dès le 1er coup d'oeil vous aviez du remarqué que nous ne pratiquons pas de cela ici... A moins que cela soit trop subtile pour vous?

Frivolité du jeune âge! Je ne pus m'empêcher de sourire. Elle se faisait passé pour une jeune démone...Elle en a l'apparance, certes... Mais elle a connu bien plus de printemps qu'elle ne veut y prétendre.

Mon aura vous intrigue... Pas de fuite, pas de cris...Vous êtes en mal d'aventure?

Je continuais de la détailler de la tête au pied.

Désolé de vous décevoir, je ne comprend pas votre exaltation... A votre âge, même, je m'étonnes que vous n'ayez jamais rencontré de vos semblables...

Je repris la lecture de mon journal pour regarder les cours de la bourse. En baisse, encore et toujours, je souris... Les années de chaos vont commencer...
Sans me détacher du papier je dis à la visiteuse

N'hésitez pas à regarder les étales... Vous trouverez sûrement de quoi vous instruire sur la manière de nourir votre chauve souris

Je laissais la femme faire le tour de la boutique. Je ne levais plus mon regard du journal, l'ayant presque oublié. Elle quitta la boutique sans que je ne sourcille.

La journée se passa ainsi, sans encombre, sans visite. Comme toutes les autres journées en fait.
La solitude ne me déplaisait pas.

Je passais ce jour là mon temps dans le hangar derrière la boutique. J'avais décidé de croiser deux races d'insectes. Les deux réputés pour leur voracité.
Mais les mères, ou les reines, ne laissaient pas souvent le temps aux oeufs de prendre. Cela donnerait d'autant plus un résultat tenant la route.

Une bonne paire d'heure plus tard, je retournais à la boutique faire un peu de rangement. Et pour fermer le store. Plus personne ne viendrait à cette heure.

Alors que je m'apprêtais à jeter le journal, je bloquais sur une annonce... Soirée Halloween au P3...

Je me rappelais qu'à un temps, ce lieu appartenait à l'une des soeurs Halliwell. La rumeur raconte que cette dernière aurait retournée sa veste... Fait intéressant.

Piqué par la curiosité, je décidais de me rendre sur place...