Mauvaise journée en perspective...

Accoudé à son bureau, la tête enfouie entre ses mains, Henry observait avec indifférence sa tasse de café fumante. La pluie ne cessait de tomber depuis bien tôt ce matin-là, ce qui le laissa deviner le temps pour le reste de la journée. Joie…Son travail allait donc se résumer à trier les papiers, fignoler ses rapports, ou bien se tremper à l’extérieur en courant après des délinquants en récidive. Henry soupira, rien que d’y penser. Mais il devait le faire. Remontant alors le col de sa veste en cuir afin d’empêcher l’air de passer entre le vêtement et son corps, il se redressa avec difficulté tant la flemme le tenait, et agrippa son café noir. Une bonne gorgée de cette boisson lui ferait le plus grand bien, ou du moins lui évitera de s’endormir. Trempant ses lèvres afin de tester la température de celle-ci, et après satisfaction, l’officier but une longue goulée qui lui procura un plaisir intense par sa chaleur. Lui descendant dans la gorge, il ferma même les yeux afin de l’apprécier d’avantage.
Cependant, cet instant de plaisir ne dura que quelques secondes. A peine eut-il le temps de reposer l’objet encore frémissant, que la porte de son bureau s’ouvrit avec fracas, faisant trembler les murs de la pièce. Un homme bien enveloppé se présenta alors dans l’encadrement de la porte, les cheveux trempes et les vêtements dégoulinant de pluie. Et vu l’air bourru qu’il arborait, Henry en conclut que le mauvais temps avait eu les mêmes incidences sur lui. S’enfonçant dans son siège, prêt à recevoir une bonne gueulante pour une raison qu’il ignorait encore, le beau brun plongea son regard ébène dans celui de son patron et attendit. Il ne prit même pas la peine de l’inviter à entrer, ce dernier ayant déjà pris la liberté de le faire.
Se plaçant face à son subalterne, le commissaire croisa les bras, et arbora un visage ferme et neutre, tentant ainsi de dissimuler son mécontentement, en vain. Des rougeurs lui coloraient les joues tandis qu’un rictus se dessinait au coin de ses lèvres. Gardant cette position durant quelques instants, il se décida pourtant à parler lorsque Henry se racla la gorge pour l’inviter à le faire. Ce qu’il regretta amèrement deux secondes plus tard.

Jetant un dossier qui vint s’éparpiller sur son bureau, le gros bonhomme s’appuya de ses deux mains sur le meuble en question et fixa l’officier de probation d’un regard mauvais et accusateur.

« Vous vous souvenez de Jason Williams ? Ce pauvre petit dealer qui vendait de la came pour, soit disant, subvenir à ses besoins ? Oui ? Et bien figurez vous que contre toute attente, il prononça ces derniers mots avec une intense ironie, on l’a retrouvé en train de vendre du crac à des gamins de collège ! »

L’homme se redressa et surplomba Henry de sa stature imposante avant de reprendre :

« Et oui, le jeune blondinet de 17 ans que vous protégiez pour je ne sais quelle raison est devenu grand, et visiblement, il n’a rien appris de vos enseignements ! A croire que vos capacités… »

« Vous doutez de mes capacité, monsieur ? Henry aussi s’était redressé et à présent, la donne avait changé et la carrure de son supérieur ne suffit plus à le rabaisser. Je vous ferais noter que Jason n’aurait jamais replongé si le juge avait fait correctement son travail ! Mais plutôt que de l’aider socialement, il a préféré le mettre en détention, et se défaire de cette affaire qui n’avait aucun intérêt à ses yeux. En même temps, qui pourrait bien se préoccuper d’un orphelin qui deale, n’est ce pas ? »

Croisant les bras, il tenta de se contenir face à son supérieur, mais au fond de lui, une grande colère commençait à grandir face à cette injustice. Pour tout dire, cette nouvelle ne l’étonna même pas. La prison n’a jamais fait de miracle .Et surtout pas pour l’esprit d’un mineur en difficulté qui se retrouve sans rien.
Pensant avoir convaincu le grand patron, il fut alors surpris de l’entendre bougonner une nouvelle fois en son encontre :

« Notre boulot n’est pas de juger celui des juges mais de faire en sorte que les délinquants ne récidivent pas ! »

« Non, avec tout le respect que je vous dois, moi mon boulot c’est de permettre à ces jeunes qui ont fait de mauvais choix, de pouvoir se réinsérer dans la société ! C’est différent !»

Le ton de la voix commençait sérieusement à monter entre les deux hommes, tant et si bien que leur conversation se répercutait dans les bureaux avoisinant, perturbant leurs occupants. Mais non préoccupés par cela, ils s’affrontaient du regard, et continuaient de crier, jusqu’à ce que le téléphone du grand manitou ne vienne interrompre leur incartade. Un appel urgent visiblement, car il disparut de la pièce aussi rapidement qu’il y était entré, laissant à Henry un « on en reparlera » en guise d’adieux.

Soulagé qu’il ait quitté les lieux, le trentenaire posa ses fesses sur son bureau et soupira une seconde fois, avant de remettre en place les feuillets qui s’étaient échappés du dossier et de ranger ce dernier dans un tiroir adéquat. Mais la journée ne faisait que commencer, et à peine s’était-il assis sur son siège que quelqu’un tambourina à sa porte et vint déranger sa tranquillité pourtant bien méritée. Et tel un bon agent au service des gens, il somma à la personne d’entrer avec toute l’amabilité que le moment lui permettait, c'est-à-dire d’une manière plutôt brutale, sans réellement savoir qui se trouvait de l’autre côté du mur…

Ce matin là, alors que la pluie tombait drue en mettant la bonne humeur des habitants, déjà très stressés, de San Fransisco à rude épreuve, Paige Mitchell observait par sa fenêtre les gens passer en courant devant chez elle. Les pauvres étaient trempés comme des soupes et leurs cheveux dégoulinaient de pluie tandis qu'elle était à l'intérieur à se morfondre. La jeune femme pensait à ces dernières années durant lesquelles elle avait servi le bien et où des tas de démons leur avaient mené la vie dure à elle est ses sœurs. Bien entendu ce n'était pas un problème et Paige ne s'en plaignait pas, non, ce qui lui posait un réel soucis c'était le fait que son ainée soit passé du côté maléfique et que Phoebe risquait de suivre la même tangente. La benjamine des Halliwell était certes une personne qui savait relativiser et dont la bonne humeur était très vite contagieuse mais ces derniers mois elle se gardait bien de trop parler de ces évènements qui, au fond d'elle, la bouleversait. La seule personne réellement dans la confidence était son mari Henry avec qui la jolie brune partageait vraiment tout...
Serrant plus fort autour d'elle une couverture qu'elle avait placé sur ses épaules à cause de l'humidité qui trônait dans l'air, Paige soupira et son souffle forma de la buée sur la vite toute proche. Que pouvait-elle bien faire? En ce moment les démons semblait lui ficher la paix et ce n'était pas plus mal car elle n'avait pas le gout de s'occuper d'eux alors que Piper avait besoin de son aide et ce très rapidement. Se détournant de la baie vitrée elle avança vers la table du salon et elle fit la moue en voyant la pile de livre qui s'accumulait afin de trouver, peut-être, une idée qui pourrait ramener Piper.

"* Je me fais des idées, comment pourrais-je la faire revenir dans notre camp? Et puis Phoebe semble elle aussi tentée de suivre son exemple ! *

Sous le coup de la colère elle attrapa la petite couverture et la jeta en boule sur le canapé! Ses nerfs étaient mit à rude épreuve il fallait bien l'avouer mais fort heureusement Paige ne se laissait jamais dépasser par les évènements et elle canalisait sa frustration dans la recherche. Ces derniers moi elle avait parcouru des tonnes d'ouvrages et lorsqu'un semblant de solution se présentait il y avait toujours un petit détail pour venir tout gâcher. Et puis il fallait bien avouer que Piper n'y mettait aucune bonne volonté, à croire qu'être de l'autre côté avait toujours été dans sa nature ! Paige n'était pourtant pas dupe, elle voyait bien dans les yeux de sa sœur que jamais elle ne leur ferait de mal et que cette situation l'avait brisée en deux mais la perte de Léo fut la goutte d'eau en trop...
Dans ces cas là la jeune femme se réfugiait dans sa famille pour y trouver du réconfort mais le besoin de faire quelque chose de ses mains l'obsédait alors elle prit la décision d'aller voir la seule personne qui pourrait sans doute l'aider dans ce cas là. Elle sortit de chez elle, monta dans sa voiture et mit le cap vers le centre ville. Une fois devant le bâtiment elle se gara où elle le put, tout en évitant d'être trop loin afin d'éviter la pluie, elle monta les escaliers et une fois devant la porte elle frappa doucement. Le ton sur lequel on lui répondit lui tira un petit sourire et Paige se demanda ce qui avait déjà put se produire à neuf heures et demi du matin pour que son cher époux soit en colère. Alors elle poussa la porte et passa juste la tête avant de dire sur le ton de la plaisanterie:

- Tu crois que je peux entrer où bien tu as l'intention de me dévorer toute crue?

Lorsque le visage de Paige apparut dans l'embrasure de la porte, Henry ferma les yeux quelques secondes tout en soupirant de soulagement, avant qu’un sourire ne se dessine sur ses lèvres. Il s’attendait à n’importe qui, sauf elle…La femme de sa vie. Celle qui partageait ses rêves, ses tourmentes, et son nid…La mère de ses enfants…Rouvrant les paupières afin de s’assurer qu’il n’était en plein rêve, l’officier lui fit alors signe d’entrer, s’excusant au passage pour son ton un peu…brutal.

" Pardonne-moi ma chérie, je m'attendais à une personne un peu moins...agréable, si je puis dire cela ainsi. Mais entre je t’en prie "

Se redressant de son siège, Henry repoussa la chaise en arrière et contourna son bureau avant de se diriger vers sa bien-aimée. Elle était si belle, qu'il se demandait encore aujourd’hui comment il avait pu être aimé d'une telle créature. Et il ne pouvait s’empêcher de l’observer chaque fois qu’il le pouvait, admirant ainsi sa beauté si pure…C’était une manie qui avait don d’énerver sa femme, et il le savait. Mais de nombreuses fois, cette habitude lui avait permis de dénicher un petit quelque chose qui clochait et qui lui faisait comprendre qu’elle n’allait pas bien. Et, ironiquement, ces petits quelques choses se multipliaient ces temps-ci.
Aujourd’hui n’échappait pas à la règle. Tiquant sur ses yeux brumeux et bien sombres, Henry pencha un peu la tête avant de s’installer sur son bureau, et de croiser les bras.

« Dis-moi, qu’est ce qui ne va pas ? »

Il n’avait pas pour usage de tourner autour du pot, considérant cette démarche comme une sorte de perte de temps inutile. Ainsi, ses phrases étaient directes et pouvaient, parfois, être considérées comme dénuées de toute chaleur, alors que l’auteur de ces mots ne désirait qu’être franc. Posant un regard plein d’amour en direction de sa femme, Henry ne savait plus vraiment comment se comporter avec elle. Elle semblait parfaitement bien, au premier abord. Mais il n’était pas stupide, et le fait que Paige vienne lui rendre visite en début de matinée, un jour de mauvais temps, lui semblait bien étrange pour que ce soit normal. Quoi qu’à vrai dire, Henry ne connaissait plus vraiment la véritable définition dune vie normale depuis qu’il fréquentait la belle sorcière…
Se redressant de nouveau, l’ombre de sa carrure vint surplomber le corps mince de Paige, faisant paraître celui-ci comme frêle et sans défense. Puis il s’approcha d’elle, et emprisonna ses mains dans les siennes, d’un geste plein de tendresse. Mais, pourtant désireux de lui donner la lune, il n’était pas non plus dans son assiette et son visage ne parvenait à dissimuler l’anxiété qui le submergeait depuis que son patron était entré dans son bureau. Il avait échoué dans son travail, et il avait horreur de ça. Henry ne parvenait à oublier le visage du jeune Jason que la colère avait déchiré lorsque le juge avait prononcé sa sentence. Ni le regard qu’il lui jeta à cet instant…Un regard ampli d’animosité et de reproche- comme si, lui aussi l’avait délaissé et jeté dans la cage aux lions…

Lâchant un peu trop brusquement les doigts de sa femme, le trentenaire tourmenté revint sur ses pas et se réinstalla sur son siège d’un mouvement las. Pour tout dire, il aurait préféré que Paige ne voit pas l’état dans lequel il était. Cela accentuerait son anxiété, et il ne voulait pas l’inquiéter. Ainsi, il fit semblant de reprendre le dossier qu’il venait à peine de ranger, avant de relever un regard soucieux vers elle.

« Excuse moi ma puce, mais…en fait je crois que tu tombes mal. J’ai passé une sale matinée alors qu’elle vient à peine de commencer, et je n’aimerai pas que ça te retombe dessus. Je pense que tu ferais mieux de partir… »

Ses derniers mots lui brûlèrent les lèvres tandis qu’il les prononçait car la dernière chose qu’il désirait c’était de voir sa bien-aimée partir et le laisser seul dans ce bureau triste et sans couleur. Elle était son rayon de soleil, sa raison de sourire. Mais son passé l’obnubilait tant qu’il en avait même oublié que Paige elle-même n’allait pas bien…d’où, sa venue ici. Que devait-elle penser de lui à présent ?

Paige, la tête penchée dans l'embrasure de la porte du bureau de son mari eut un petit sourire malicieux en le voyant... soulagé que ce soit elle qui vienne lui rendre visite. Alors que le beau policier lui faisait signe d'approcher elle remarqua, une fois encore, à quel point cet endroit était froid et dénué de vie en dehors de son époux qui apportait une touche de couleur et de chaleur humaine. Henry avait un grand coeur et cela la sorcière le savait fort bien, l'ayant deviné le jour même de leur rencontre. Depuis ce jour là elle ne cessait d'en apprendre un peu plus sur celui qui deviendrait le père de ses enfants et elle avait vite apprit à reconnaître ses réactions, parfois brutale mais qui traduisait son rationalisme et son besoin d'aller au fond des choses sans trainer inutilement. Paige aimait ce trait de caractère même si au début elle s'était demandé si Henry était brut et froid dans le but de la faire fuir. Une fois rassurée elle se rendit à l'évidence, son homme était tout simplement comme cela et elle ne le changerait pas d'aussi tôt !
Ce matin là ce trait de caractère ressortait plus fort et Paige sentait Henry très énervé, contrarié sans doute par un évènement qui était venu gâcher sa journée pourtant cela ne l'empêcha pas de voir directement qu'elle même n'allait pas bien non plus. Il savait fort bien que sa belle soeur faisait partit des forces maléfiques à présent et que Paige ne s'en remettrait que lorsqu'elle aurait trainé son ainé, de grès ou de force, vers son véritable destin... Celui des sorcières bénéfiques !
Décidant de ne pas se laisser avoir aussi facilement, Paige tenta de tourner la situation dans l'autre sens et elle dit à Henry:

- Je te dirais ce qui me tracasse lorsque tu m'auras dis ce qu'il t'arrive, tu semble... contrarié comme si tu avais reçu une mauvaise nouvelle. Que s'est-il passé?

Un sourire de compassion se dessina sur les lèvres de la brunette en voyant qu'elle venait de tomber juste dans ses suppositions. Elle se trompait rarement grâce à son feeling imparable mais voir son mari dans cet état la contrariait davantage et peut importe ce qu'il dirait, elle ne quitterais pas ce bureau avant d'avoir pu l'aider un peu. C'est là que lui vint une idée, peut-être aurait-elle l'occasion d'aider son policier et de faire, enfin, quelque chose de ses mains histoire d'occuper sa journée. De plus si cette histoire touchait un innocent, Paige serait dans son élément et, au pire son ancien travail d'assistance sociale lui serait à nouveau d'une grande utilité.

- Bon je commence, tu sais que depuis cette histoire avec Piper j'ai vraiment du mal à faire quoi que ce soit de ma vie. Pourtant tu me connais, je ne suis pas le genre de personne que l'on peut enfermer continuellement dans une maison, j'ai besoin de faire quelque chose de mes dix doigts en aidant les gens... Je n'y peut rien, j'ai été formée de cette façon ! Alors je me suis dit que, peut-être, tu aurais une mission pour moi. Pas grand chose, juste de quoi me changer les idées et qui te serait utile. On ferait une équipe... tu en dis quoi?

Paige se mit à mordiller sa lèvre inférieure en attendant le verdict d'Henry qui n'allait pas tarder tout en priant pour qu'il ait besoin de son aide car si par malheur il lui demandait encore de rentrer à la maison elle risquait de devenir folle à force de tourner comme un lion en cage et elle finirait par écumer la ville à la recherche d'une personne à aider coute que coute. Alors qu'elle était dans ce tourbillon de pensées, la voix de son époux brisa le silence qui s'était soudain installé dans ce bureau glacial.

Henry soupira. Il se sentait égoïste et stupide de se focaliser sur ses petits soucis d’humain, tandis que Paige se battait sans relâche contre le mal qui menaçait sa famille. Car, et même si sa femme ne l’avoua pas, le policier savait très bien que Piper tourmentait son esprit. Honteux de son nombrilisme, il s’empara de ce dossier qui le hantait, et s’apprêta à le ranger, lorsque la belle sorcière lui proposa de travailler avec lui. A ces mots, Henry releva le visage vers son épouse et la scruta pendant quelques instants. Son bureau semblait morne et terne sans la lumière que représentait Paige. Et la faire travailler lui ferait sans doute du bien…Mais son boulot était plutôt difficile…
Réfléchissant à cette proposition, le policier se souvint qu’elle lui avait dit un jour avoir été une sorte d’assistante sociale. Et connaissant ses dons de persuasions et d’écoute, il se demandait si justement, elle n’était pas l’ange dont il avait besoin…
Souriant à cette idée, Henry fit signe à sa femme de s’approcher en tapotant sur ses cuisses, avant de lui répondre d’un air presque enjoué :

« Il se pourrait que j’ai besoin de tes compétences pour quelques affaires délicates. »

Lui dédiant un sourire malicieux, le beau brun lui tendit le dossier Jason Williams et tenta de lui résumer les choses. :

« Quand il avait 17 ans, il a été surpris en train de dealer pour se payer à manger. Et placé sous mon autorité en attendant son jugement, il s’est tenu tranquille jusqu’au jour fatidique. Mais malgré nos conseils, le juge l’a condamné à purger trois ans de prison pour détention et vente de stupéfiants. Henry fit une pause tout en tournant les feuillets afin de lui montrer le compte-rendu du procès.
*Mr Williams Jason est condamné par la cour de San Francisco à purger 3 ans de prison ferme, sans possibilité de remise en liberté pour bonne conduite…*
Il a été relâché il y a peu de temps, et voila qu’il se fait coincer une seconde fois pour deal devant un collège. »

Repoussant violemment le dossier sous le coup de la colère, Henry se passa une main sur son visage afin de se détendre, puis reprit d’une voix pourtant emplie de fureur :

« Le problème, c’est que plus j’y pense, et plus je me dis que Jason n’est pas assez stupide pour recommencer.»

Caressant délicatement le dos de Paige, il tourna les yeux vers elle avant de secouer vigoureusement la tête…

« Je dois aller lui parler pour comprendre. Ce gosse n’était pas mauvais ! »

Son ton monta aux derniers mots de sa phrase tandis qu’il frappa du poing sur le bureau. Sa colère se lisait dans ses yeux. Henry était un homme de sang froid habituellement. Mais, et même s’il paraissait dur dans son travail, il s’accrochait tout de même aux jeunes avec qui il bossait. Et l’histoire de Jason l’avait ému à l’époque, car l’injustice qui l’avait touché était inexcusable.

Tandis que la voix d'Henry emplissait le bureau du commissariat afin d'expliquer à son épouse quel problème le tracassait, Paige se rendait compte qu'effectivement elle pourrait être utile dans cette affaire. Il lui serait tout à fait possible de se faire passer pour une assistante sociale et, avec un peu de persuasion et d'écoute, son mari et elle arriveraient sans doute à comprendre ce qu'il se passait avec le jeune Jason. Au plus elle y pensait et au plus cette idée lui semblait brillante et puis, comble de chance, elle aiderait aussi son mari par la même occasion. Nulle autre était mieux placé qu'elle pour savoir à quel point cette histoire lui faisait du mal, elle savait lire dans ses yeux et y voir qu'il se torturait afin de trouver une solution pour ce gamin dans le besoin. C'était donc le moment où jamais de se bouger et de venir en aide aux autres.
Paige passa un bras autour de la nuque de son mari et le regarda dans les yeux, son regard perçant était allumé d'une petite lueur de détermination et Paige sut qu'à deux ils y arriverait!

- Je pense qu'on peut le faire, toi et moi. Jason a besoin de toi, tu es celui qui réussira à le sortir de cette galère même s'il va te falloir du temps et de l'aide... Et bien sur, je serais cette aide. Tu sais que j'ai été assistante sociale et que je suis persuasive, il m'écoutera et tu pourras alors l'aider au mieux.

La brune se tut et réfléchit à un plan d'action tandis qu'elle sentait en elle la motivation renaître à l'idée d'être utile envers les autres. Après tout elle avait en main des cartes non négligeables qui feraient que cette mission ne pouvait qu'être auréolée de gloire! Elle connaissait les adolescents difficiles pour les avoir dirigés à l'école de magie et les enfants dans les ennuis avaient été son lot quotidien quelques année plus tôt. C'était donc tout naturel pour elle, elle était dans son élément et de plus elle avait besoin d'être utile!!

- Je propose que nous allions devant le collège devant lequel il est censé dealer, on ira lui parler et tenter de comprendre ce qui lui arrive... Mais je suppose qu'il doit être en colère, comment penses-tu qu'il réagira en te voyant? Peut-être que je devrais lui parler la première et tu viendrais me rejoindre un instant plus tard selon sa réaction. Tu le connais mieux que moi, tu sauras anticiper non??

Le plan était simple dans l'ensemble mais dans le fond c'était pas si mal pensé mais comme Paige faisait tout au feeling il y avait toujours une petite marge d'erreur et quelque chose qu'elle risquait de ne pas prendre en compte et c'est justement là qu'Henry intervenait et comblait cette lacune. Oui, c'était certain, ils feraient une équipe d'enfer sur ce coup là !!

[HJ: pardon pour le temps que j'ai mis à répondre ma ptite Talie!!]

Sujet: Re: Mauvaise journée en perspective...